« Anarchistes et néo-malthusianisme », par Francis Ronsin

(Extrait de Francis Ronsin, « La classe ouvrière et le néo-malthusianisme : l’exemple français avant 1914 », Le Mouvement Social N° 106, Janvier Mars 1979, pp. 92-94. Source : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5730046h)

Anarchistes et néo-malthusianisme

Le néo-malthusianisme est ainsi condamné de façon quasi unanime par les anarchistes « purs et durs » : « les communistes ». Dès 1877, Paul Robin, fraîchement converti, devait être surpris par l’incompréhension, et même l’opposition, qu’il rencontra auprès de James Guillaume, Pierre Kropotkine et des compagnons réunis pour le congrès libertaire de Saint-Imier. L’opposition des grands théoriciens du communisme libertaire à la loi de la population ne devait jamais faiblir. Si Kropotkine considérait l’action de Paul Robin comme une trahison de la révolution, le jugement d’Elisée Reclus n’était guère moins sévère : « Elisée Reclus que j’ai aimé et vénéré pendant trente-cinq ans, appelle dans un journal brésilien, L’Aurora, notre propagande une grande mystification » [8]. Quant à Jean Grave, il qualifiait ainsi le néo-malthusianisme : « c’est la doctrine la plus réactionnaire que je connaisse » [9] et il s’employa périodiquement à rappeler cette condamnation dans son journal Les Temps nouveaux. Cependant, bien des disciples de Kropotkine, Reclus et Grave étaient loin de partager leur rigueur dogmatique. A côté de Paul Robin, Léon Marinont, qui fut le premier administrateur-gérant de Régénération, se voulait également communiste avant d’adhérer au Parti socialiste unifié. Quant à Eugène Humbert il ne connut également le néo-malthusianisme qu’après avoir été gagné au communisme libertaire par un camarade de travail, Lapique, qui était à Nancy, où il résidait alors, le correspondant de Jean Grave et le dépositaire de La Révolte.

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